Longtemps, j’ai emprunté les chemins qui affirment que tous les arts sont complémentaires. Mes aïeuls, respectueux de la forme pour plus de différence m’inculquèrent le goût de l’observation du travail manuel et sa participation active dans l’art contemporain, celui qui rapproche l’artisan de l’artiste et donne le principal à la création, quand l’imaginaire scande fort à propos que toute forme fait voyager. Je suis revenu de mon périple récent avec Magellan, en observant en Haute-Marne l’osier et autre rotin, se tresser, se plier, s’accorder aux registres imposés par les mains endolories de la vannière.  Au milieu de toutes ces propositions, de cette profusion de choses possibles, les caravelles sont là, vagabondes des mers mais princesses des prés. Elles renfermeront dans leurs plis, courgettes, tomates, tabac, une bouteille, les outils, n’importe lequel des éléments qui pratiqueront et participeront à la promenade vers le dîner. Le panier comme le bol est une substance poétique, une échelle, un bâton, le couteau, quelqu’un de réparable et d’immense sur la rétine. Je feins d’ignorer qu’il puisse rendre des services mais, c’est le dodelinant que j’apprécie avant tout, sa bonhomie et son sérieux, son efficacité au point du jour, sa compagnie à l’intérieur comme sur le banc quand la quetsche ira tenter de le remplir. L’objet est une émotion feutrée incomparable, nous ne plions jamais sauf devant les puissants mais, nous abordons le rivage avec les honneurs, la quête est immense, elle va accompagner la vie sur le parcours initiatique jamais tari, en son sein, l’immense, le fertile et l’utile.  

 

J’aime depuis peu de temps, le travail de Virginie Duprez. Depuis une paire d’années, certainement que, le rapprochement, mettons l’approche, parlons d’approcher, donne cette note, ce la important qui fonde la liaison, comme un matériau peut aussi à lui seul enrichir le dialogue et rapprocher les points de vue, ceux qui vont de l’utilitaire, à l’installation, du décoratif prélude à l’ornemental vers l’indispensable au quotidien. Nous ne pouvons pas occulter qu’une région et un territoire, imposent leurs textures. Un climat, et la route vers certains échanges peuvent s’ouvrir ainsi. Si je dis impératif de prendre avec soi un panier au pré, au champ, au jardin, au marché, c’est qu’aujourd’hui, je ne quitte plus la maison sans quelque chose qui contiendra. Un panier résistant, une poignée dans la main, une anse. Le port n’est pas loin, la caravelle, le navire, l’embarcation, la cale, ronde souple et tendue, protectrice, aérée, craquante sous le regard et la main. Virginie Duprez explique, partage profite des temps de transmission pour nous enrichir d’un savoir venu un temps de l’Ecole Nationale d’Osiériculture et de Vannerie de Fayl-Billot puis fortifié au fil du temps de découvertes propres. Je suis resté à l’embarcation, je vois tout autour les différents caractères et envies se prononcer dans des réalisations périphériques, aujourd’hui, c’est le panier qui m’appelle, le rustre, rugueux, majestueux, plein de force et de résistance, c’est le profil d’un errant, d’un endurci, d’un compagnon de route et d’indécision qui porte l’art en lui, au coeur de sa confection.  Christophe Massé 15 août 2024.

 

Fugace propose plus que présente, c’est une série de portraits poétique d’un travail. Artiste que j’aime, car le travail me fascine et m’immerge dans des rêveries particulières.
Fugace hébergé par Artishere. Pour mémoire : #1 Elisabeth Querbes – #2 Cathrine Muryn. – #3 Sophie Pelletier – #4 Virginie Delannoy – #5 Céline SB – #6 Ryosuke Cohen – #7 Michel Fourquet   – #8 Benoît Pingeot  – #9 Sait Toprak –

Virginie Duprez (VOB)  ©  « de la série Les Vagabonds»  –  Saul (variété Rouge Belge) pour la clôture et de lianes de glycine et de rotin pour la carcasse – 2023/24