Si rien ne passe au-dessus des éléments, qu’une évaporation des brumes et des essences.
Rien ne se passe ailleurs que dans le courage de peindre et d’envoyer au large la sinuosité des drames. Je croise l’oeil dans le laqué souple et le rebondissement d’un sang fluide dans les veines et les textures convoque la garantie des strates et des positions regroupées pour défendre les bordures des apparentes invasions futiles. Rien ne passe dans les interstices, qu’une douce chaleur et les enivrements des tons qui butent aux contreforts des propos. Le discours est une merveille oubliée. Nord et Sud se confondent parfois, tant la clarté des lumières à plisser les yeux se voit ici dans Barcelone et tant d’Oslo. Je croise les doigts, plonge la tête vers le bas des eaux pour relever les genoux vers la cime des arbres qui chantent. Il y a des coqs et des olives, des petits marchands de rien, abstract painting, forme limpide, sable et camaïeux des époques. Revirement toujours dans l’emploi des verbes sur l’immensité d’une palette qui vibre au chaud pour déguerpir dans les profondeurs des failles glacées. Paysage certainement, les vôtres aux nôtres. Ceux imaginés aux confins des protectrices nuits de rêves fébriles.
J’aime depuis quelques années le travail de Cathrine Muryn. J’aime tout ce qui me ramène à l’odeur des plastiques dans la peinture industrielle et les trouvailles sur les trottoirs des villes. Ce confort et cette amplitude dans les passages successifs des pinceaux aux larges propositions, ceux qui brouillent autant les pistes que les atterrissages. La légèreté des verticalités et l’audace de l’horizon qui bascule, comme des vies chutent ou ploient ou disparaissent. Quelque chose d’éminemment intelligent et subtil, quelque chose de latent qui saupoudre en félinité, ordonne ces vérités aux griffures sur le lin et entremêlent assurances et angoisses. Il se peut que la méprise soit un facteur, l’hydre à plusieurs têtes, que nous succombassions aux artifices. Un alvéole, un grand cri, la ceinture du temps qui, prisonnier, emmailloté, fagote dans les remous, ordonne aux leurres leur mise en sons. Tout ce qui frôle, s’écaille, dérape parfois, plisse, quand le froid fige l’acrylique. Point de peur du bord, ni du châssis, ni du centre des gravités, reversement des équilibres et stabilité du pouce qui tente dans la perspective de retrouver le lieu du jour où l’équilibre de la marche se fît. Christophe Massé, 31 décembre 2023
Fugace propose plus que présente, c’est une série de portraits poétique d’un travail. Artiste que j’aime, car le travail me fascine et m’immerge dans des rêveries particulières.
Fugace hébergé par Artishere. Pour mémoire Fugace#1 Elisabeth Querbes.
Cathrine Muryn – Untitled (Nesodden 2023) 60 x 70 cm -. (droits réservés)