De l’ode ; la révélation des stigmates des matériaux, aux effondrements des incandescents assombrissements, du passage des origines sur l’horizon au parcours entre les vestiges du trompe l’oeil, en récompense.

Je trouve que tout est griffé comme les fragments d’herbes qui rayent, balafrent le paysage dans les matins de givre intense et la lueur qui plonge dans les blancs vers les tendres, les pales et puis craquantes, ces dernières buées de la nuit. J’y observe les bordures de la Moselle et l’air du loin irrespirable tant le froid congèle l’air de rien du dedans encore gonflé des fumées des cigarettes autour de la place aux dorures et enluminures pour les rois. J’y découvre encore aussi le pourtour immaculé des fontaines, si dans la glace le reflet transforme la tête du moribond en héros d’une ère post punk dévolu, si siffle au dessus des confettis de la foire au parc, ici dans la cour des lumières et senteurs de sucre d’orge au bémol sur le luxe dans les couloirs qui noircissent les doigts, là où Arcelor et Mittal sont ces anciens dieux de l’acier poli. Je croise la pourfendeuse, l’ébaucheuse, la d’élagueuse, la barbicheuse dans les rayons de la silice vallée de la Fensch. Le noir sur blanc vire au bistre, sépia, bleu, grenat, s’aplatissent au long de l’entraînement à découper dans les architectures ces remontées fougueuses vers les cheminées du pardon. J’y vois de tout sans coquetterie, une impression de choses, un état qui tranche et pulvérisés autour les souffles des arrêts brutaux. 

 

J’aime depuis quelques années le travail de Sophie Pelletier. J’aime ce qui me conduit dans ses recherches au démantèlement du paysage ; qu’il s’enracine, peuplé de poutres et de ferrailles, qu’il tienne l’équilibre en apesanteur comme dans celui de la végétation, des arbres solitaires maintenus sur des cordons de falaises sablonneuses ou neigeuses prêtes à dévaler vers les abrupts. Parfois, dans ces apparitions subtiles, j’y croise les reflets d’un temps à moi, Nancy, Frolois, des fantômes de la ville blanche et là où jamais nous n’imaginons happer des figures, c’est Mona Soyoc, Dick Tracy, Mougenot ou Oto qui aussitôt disparaissent dans mes souvenirs sur un riff. Il y a dans les perspectives et leurs empreintes au confins du labyrinthe un jeu rare et seyant qui fluidifiant les trames, qui brouille les espaces, opacifiant cette partie de l’image, ordonne le calme et la stupeur, qui pourrait aussi rendre compte, mains non et dans son indolence donne a partager le mystère, hors du temps, hors des significations, hors du propos, allégories des perspectives, vent de l’Est, froid des certitudes, noir tranchant, blanc de zinc, immenses possibles qui se replongent dans les mémoires et le rire des gargouilles, la solitude de l’espace mélancolique comme un bouton d’or au poitrail. Christophe Massé, 26 janvier 2024 

Fugace propose plus que présente, c’est une série de portraits poétique d’un travail. Artiste que j’aime, car le travail me fascine et m’immerge dans des rêveries particulières.
Fugace hébergé par Artishere. Pour mémoire Fugace#1 Elisabeth Querbes – Fugace#2 Cathrine Muryn. 

Sophie Pelletier – © Sophie Pelletier (2023)